Pic-Nic au dessus de la mer d’Oman

 C’est le jour J. La grande traversée. Nous nous sommes levés à l’aube pour décoller aux premières lueurs du jour. Une étape d’une longueur théorique de six heures pour quitter Gwadar, petite ville portuaire pakistanaise à quelques encablures de la frontière iranienne. Destination : Les Emirats arabes unis. Nos ULM sont chargés, très chargés… Une nourrice supplémentaire de 3O litres de fuel dans chaque cockpit pour pouvoir  tenir la distance. Je partage ce vol avec le plus expérimenté de nos pilotes : Jean Pen. Olivier et Jean-Claude assurent la radio, Pierre et Alexandre pilotent les deux cargos. Tous coincés comme des sardines dans nos cockpits. A gauche sur les genoux, un canot de sauvetage, derrière les sièges, la fameuse nourrice, les appareils photo et vidéo… Et le fameux Pic-Nic qu’ont concoctés pour nous nos hôtes pakistanais. Instant mémorable de ce « Earth Challenge ». La grande bleue nous encercle à perte de vue. Nous volons à 6500 pieds. C’est là haut, au dessus de la mer d’Oman que nous allons partager un Pic-Nic inédit : Pain perdu comme nous au milieu de l’océan, une pomme pour garder la forme, petits croissants, sablés pakistanais ; festin céleste qui nous guide vers les côtes d’Oman.  Et là, surprise, des côtes nous ne verrons rien. La Tour nous demande de continuer au dessus de l’eau pour entrer directement aux Emirats Arabes Unis. A bord de nos coucous nous aurons donc parcourus 800 kilomètres dont plus de 700 au dessus des vagues… Un survol haletant avant de découvrir enfin les terres des Emirats. De splendides dunes rougeâtres, des échangeurs autoroutiers aux formes orientales ; l’un d’eux forme un étonnant trèfle à quatre feuilles…Puisse-t-il-nous porter bonheur jusqu’au bout ! Plus loin une « horloge agricole » : Comprenez cette culture circulaire particulière en plein désert arrosée par le mouvement perpétuel   d’un bras métallique en guise d’aiguille. Nous sommes dans les temps. Un survol du plus petit des deux aéroports internationaux de Dubaï puis une expérience inoubliable ; Nos ulm vont faire leur entrée dans la cour des grands. Placés sous « radar vector », la tour nous guette, nous impose un circuit d’une heure dont 13 nautiques au dessus de la mer, orchestre un étagement  pour nous intercaler en finale à 90 nœuds entre d’énormes Boeing ou Airbus qui voltigent à 200 nœuds… Atterrissage inoubliable sur un aéroport gigantesque ! Et à seulement une heure du débit du célèbre Air Show de Dubaï : La cerise sur le gâteau. Nos moustiques côtoient des F16, des Rafales, des PC21 pilatus, des jets chinois, un Airbus A 380 flambant neuf. La tour nous interroge : « Avez-vous un VIP à bord » ; Un peu plus tard au sol, on nous demande si nous participons à l’Air show !!! Disons que non… Notre Air show à nous a débuté il y plusieurs mois déjà à Sydney pour s’achever le 5 décembre prochain au « Brussels South Charleroi Airport » … C’était donc le jour J. Celui de la grande traversée. Celui du grand écart entre la sauvage côte Ouest du Pakistan et la ville de l’exubérance et des extrêmes. Dubaï, ses gratte-ciel, sa plus haute tour du monde, ses limousines, sa monnaie sonnante et trébuchante étalée au grand jour. Mais aucun de ses restaurants hauts de gamme ne pourront effacer le sublime souvenir d’un Pic-Nic au dessus de la mer d’Oman…