Au pays de l'or noir

 C’est un Royaume de plus de deux millions de kilomètres carrés. Un Etat créé en 1932 sur les fonds baptismaux du premier Etat saoudien né en 1744. Un Royaume de sable et de dunes ; le pays de l’or noir. Le précieux liquide qui fait la richesse des lieux et qui attise tant de convoitises depuis sa découverte en 1938. L’Arabie Saoudite sera notre destination. Lever à cinq heures du matin. Une très longue étape de près de mille kilomètres pour, de Dubaï, rallier Riyad, la capitale saoudienne. Je partage ce vol avec Jean Pen. Alex, Olivier et Pierre pilotent seul les trois autres ULM. Un vol difficile, la fatigue se fait sérieusement ressentir chez chacun d’entre-nous. Un survol difficile certes, mais  palpitant ; en plusieurs étapes imposées par les autorités aéronautiques : Après 207 nautiques, nous sommes obligés de poser nos coucous sur l’aéroport international de Doha au Qatar. Pause mise à profit par Alex pour réparer une antenne radio défectueuse. Le temps pour Jean de déposer un nouveau plan de vol à la tour, de se dégourdir les jambes fatiguées, de se ravitailler de délicieuses tartines que nous a dégotées Olivier. Une attente sur le tarmac rythmée par le ballet incessant des avions de chasse de l’armée Emirati… Une bonne heure plus tard, take off vers l’Arabie. Cette-fois il nous faut obligatoirement survoler le Barhein ; ce qui rallonge encore la distance. Qu’importe nos nourrices supplémentaires de fuel feront l’affaire. Nous survolons Doha, ses gratte-ciel, ses terres gagnées ici encore sur la mer. Des archipels de sable en forme d’orchidée pour bâtir de prestigieuses demeures. Inexorablement, l’impitoyable désert repousse les habitants au large des côtes. Ce sera toujours le cas à Bahrein où nos ailes survolent les Boeing bien rangés sur l’aéroport. Plus loin, nos moustiques croisent dans le ciel un airbus de la compagnie Condor. Nous sommes dans la cour des grands… Après les installations pétrolières et  les majestueux gratte-ciel, comme autant de dinosaures métalliques, d’innombrables pylônes électriques s’enfoncent dans le désert saoudien et nous emmènent vers Riyad. Sous nos ailes, des troupeaux de brebis, de chameaux, des tentes de bédouins et des dunes de sable à perte de vue. L’Arabie Saoudite ne rassemble que des zones désertiques ou semi arides. Ici, pas un lac ou une rivière permanente… Moins de deux pourcent des terres sont cultivables ! C’est dire si l’or bleu est cher et rare au pays de l’or noir… Une conduite de 467 kilomètres y apporte l’eau désalinisée depuis le Golfe persique.  La nuit s’apprête déjà à tomber lorsque nous atterrissons sur l’aéroport international de Riyad. Nos ULM  font sensations sur le terminal de l’aviation privée. Quelques commandants de bord et hôtesses de jets privés viennent nous féliciter et nous encourager. L’accueil saoudien est courtois. Rapides formalités d’immigration et de douanes, juste le temps de prendre une douche et de foncer vers l’ambassade belge pour y tenir une conférence. Son excellence, l’ambassadeur Michel Latchenko et son premier secrétaire Pierre Brusselmans, tous deux débordant d’enthousiasme, ont  mis les petits plats dans les grands. Atmosphère ultra conviviale ; Quelques dizaines d’invités dont un représentant du Prince Sultan, ministre en charge du tourisme et neveu du Roi d’Arabie Saoudite. L’occasion de souligner l’aide au combien précieuse de la diplomatie belge durant tout le périple. L’accueil chaleureux de nos chancelleries à l’encontre de notre expédition. Sans l’appui de l’ambassade, du département des affaires étrangères, sans la délicate et discrète intervention  de son altesse royale le Prince Philippe de Belgique, il eut été difficile voir impossible de survoler l’Arabie Saoudite à bord de quatre ULM.  Ces vols mémorables, je les dédie aussi à John Cornet d’Elzius et le Comte Pierre de Broqueville qui furent d’une aide déterminante dans la réussite de ce projet. Merci également à madame l’ambassadeur de Belgique aux Emirats arabes unis, Madame Van Calster, pour ses messages d’encouragements. Le lendemain, nous les remercierons à notre façon en organisant, sur la piste du « Saudi aviation club », des baptêmes de l’air pour tout le personnel de l’ambassade. Moments intenses de partage au pays de l’or noir.