Le mystère pakistanais

 C‘était  un des mystères de cette longue expédition. Mystère teinté d’inquiétude aux regards des nouvelles… Chaque jour le Pakistan subit les affres du terrorisme. D’innombrables attentats meurtriers essentiellement dans les provinces du Nord du pays. C’est par Karachi, la plus grande des villes pakistanaises, capitale de la province du Sind, que nous ferons notre entrée. Karachi où contrairement à ce qui était prévu, nous passerons une nuit. Les lentes procédures d’immigration, de douanes tant pour sortir d’Inde que pour entrer au Pakistan ne nous permettant pas de voler jusqu’à Gwadar dans le Nord du Baloutchistan. De ce vol entre l’Inde et la Pakistan, nous retenons les contrastes. Le nord de l’inde était plat, le Pakistan va nous offrir de beaux reliefs. Nous faisons notre entrée dans l’espace aérien pakistanais par « party ». La frontière entre les deux pays n’est qu’un long mur fréquemment rehaussé de miradors… L’image d’une tension permanente, d’une haine entre deux peuples qui se qualifient mutuellement d’ennemis. Je partage ce vol avec Jean Pen. Olivier et Pierre pilotent les deux cargos. Alexandre et Jean-Claude font équipe. Du ciel, le Pakistan donne une première impression de pays organisé : De nombreux canaux d’irrigation  traversent les plaines asséchées. Quelques usines gigantesques ; une centrale nucléaire. Plus bucolique, des dunes dessinent de jolies vagues dans le sol. Ce survol à haute altitude, pour éviter une éventuelle balle perdue (une montgolfière a été abattue il y a peu dans la région nous avait prévenu la diplomatie belge), fera 364 nautiques. 660 kilomètres pour atterrir  dans cette gigantesque et moderne ville de Karachi que nous ne verrons que peu. Un agent de Flight service international prénommé Khalid nous y attend. Nous comprendrons très vite que dans ce pays, sans cet agent local, il eut été impossible de remplir les formalités nécessaires. Quelques heures plus loin,  la route qui nous guide à l’hôtel choisi par les autorités laisse entrevoir des gratte-ciel par centaines, un réseau routier impeccable, des bus ultra colorés et une propreté apparente dans cette mégapole de 13 millions d’habitants…  Aperçu sommaire qui nous mène à notre bunker : Le Pearl-Continental. Un hôtel mieux gardé qu’un camp retranché. D’énormes containers entourent les lieux afin de prévenir toute attentat-suicide. L’entrée, protégée par des rangées de blocs de béton entre lesquels il faut zigzaguer, est gardée par une foule d’hommes en armes. Sur cinquante mètres, plusieurs contrôles. Dans l’hôtel même, tous nos bagages sont à nouveau passés au rayon X. Dans un pays où 2500 personnes ont perdus la vie lors d’attentats ces 24 derniers mois, on ne badine avec la sécurité. Quoi qu’il en soit nous sommes au Pakistan… et en ULM de surcroît. Et ce pays ne nous a pas encore dévoilé tous ses mystères.