Pèlerinage aérien vers Médine

 Avec la Mecque, c’est l’une des deux villes saintes d’Arabie Saoudite. Des dizaines de milliers de pèlerins musulmans s’y rendent en ce moment. C’est la période du Hadj. Le hasard du calendrier nous y conduira également mais par les airs… en ULM ! Avant le grand départ vers Médine, la journée fut bien remplie :  A bord de nous coucous, Les diplomates, interprètes, chauffeurs de l’ambassade belge vont connaître le grand frisson ; baptêmes de l’air en série sur Thumama airport, l’ancien aéroport du Roi d’Arabie. Ce qui nous vaudra de jolies signatures en arabe sur la carlingue. Jean s’est chargé du plan de vol du lendemain chez Jet aviation sur le terminal privé de l’aéroport de Riyad.  S’en suivent les pleins : Remplissage des nourrices à la station essence la plus proche. Pierre et Alex sont sur la brèche. Je les accompagne. L’occasion de découvrir l’arrière pays désertique, les vendeurs de fruits. De sublimes fruits colorés qui viennent tous …d’ailleurs : Des pommes d’Amérique, des bananes des Philippines, des tomates de Syrie, des oignons du Yémen m’explique fièrement le vendeur enturbanné. Rien ne pousse décidément dans le sable d’Arabie.   Une longue journée qui se terminera la nuit tombée par la réparation d’une pompe à essence défectueuse à la lumière des phares de voitures… Merci Olivier, merci Alex ! La fatigue se lit sur les visages. La soirée sera consacrée à vous écrire. Olivier lui travaillera sur le boîtier défectueux de l’institut d’aéronomie spatiale. Un disque dur a rendu l’âme : Il faut le changer. La nuit sera courte pour retrouver nos forces. Le lendemain donc la longue odyssée se poursuit. Ou plutôt le pèlerinage… Cap sur Médine. Un vol somptueux que je partage avec Jean Pen. Sous nos ailes, le désert offre des vues contrastées ; tantôt des dunes ocres, tantôt des canyons, des reliefs montagneux. Des milliers de chameaux parcourent la pleine avec les bédouins. Ces mêmes chameaux rencontrés la veille au Camel Souk de Riyad en compagnie du premier secrétaire  de l’ambassade Pierre Brusselmans : Longue discussion avec les vendeurs qui nous confirment qu’en Arabie aussi le climat change. Il y fait plus froid plus longtemps. La saison d’hiver s’allonge. Les tempêtes de sable sont nombreuses et affectent les voies respiratoires de nombreux habitants. Trente pourcent des enfants souffrent d’asthme… Mais revenons dans le ciel.  Ca et là des tentes blanches et carrées en guise de campement. Plus loin des troupeaux de chèvres. Puis soudain ce paysage de science-fiction : telles de gigantesques horloges du désert, d’immenses cercles balayés par une arroseuse automatique. Sur du sable, à grand renfort d’eau qui épuisent les nappes phréatiques, on y cultive le fourrage qui nourrira les bestiaux… Plus loin quelques oasis de verdures ; palmiers perdus au milieu de nulle-part. L’heure avance… le vol est long (un peu plus de 700 kilomètres) et se complique : Une impressionnante tempête de sable rend la visibilité nulle et nous force à voler en PSV, aux instruments… Concentration extrême puis après plus d’une heure la délivrance : La piste de l’aéroport international « Prince Mohammad Bin Abdulaziz » de Médine est en vue. Il était temps. Le soleil se couche sur la ville Sainte. Tandis que des charters déposent des milliers de pèlerins musulmans simplement vêtus de chasuble de coton blanc, d’autres pèlerins du ciel iront trouver le sommeil dans un des rares hôtels accessibles aux non musulmans. L’accueil y est glacial. La méfiance est de mise. Que font ces drôles de pilotes occidentaux à Médine en plein Hadj ? Qu’importe… Notre longue expédition se poursuivra demain vers la grande Egypte.