Adieu Darwin : Bye Bye « Gafa »

Le soleil dort encore… La lune veille…

Il est 5 Heures 30 et nous sommes tous au poste. Prêt pour la grande traversée. Celle qui génère chez nous quelques appréhensions. Tous les pilotes vous le diront : Voler six heures au dessus de l’océan en ULM, sur un moteur, ça peut donner le vague à l’âme. En guise de « brise l’âme », ces deux heures passées à la douane australienne… Carnets ATA, Immigration, nous quittons l’Australie ce vendredi et les paperasses sont un passage obligé dans le routing. Nous obtenons une dérogation pour transiter par Truscott afin de refueler avant de traverser la mer de Timor… (« t’y mort » avouez… ça fout les boules…). Autant dire que sur le tarmac, le briefing est méticuleux. Gilet de sauvetage autour du cou, balise de détresse à portée de main, procédure de largage du canot de secours. Tout est passé en revue, au cas où… Il est déjà 9 H 30. Avec deux heures de retard sur l’horaire espéré, nos oiseaux blanc bleu… belges s’envolent en formation, deux par deux, de l’aéroport international de Darwin. Cerise sur ce gâteau australien , la Tour nous souhaite bon vol en français : « A la prochaine… »  nous lance le contrôleur… classe… « Goodbye Darwin and thanks for all ». Quitter l’Australie, c’est donc d’abord parcourir 364 nautiques au dessus de l’eau vers ce nomans’land de Truscott… Avant d’y arriver, après près de quatre heures de vol au dessus d’un nid de cocu (pardonnez-moi l’expression mais la chance est avec nous…),  un cadeau, énorme. Le survol des King’sGeorges Falls. Les Chutes  du Roi Georges que nous a renseigné un pilote australien. Merci William ! Instant magique que de flirter des ailes avec d’énormes cascades d’eau se noyant dans un majestueux et tortueux canyon. Grandiose porte de sortie du pays des Kangourous. Truscott est en vue. Chaleur étouffante. Soleil de plomb sur cette base du bout du monde d’où partent les hélicoptères de sauvetage .L’accueil y est distant. Un boat people a pris feu au large. Plusieurs morts. Et c’est d’ici que se dirigent les secours… On nous laisse à l’écart, le temps de faire le plein de carburant, d’avaler deux, trois biscuits en guise de repas  et d’entamer LA traversée. En mer de Timor, pas une île pour accueillir un ULM en panne moteur… « 1,2,3,4,5 »  est la fréquence de détresse mais les sauveteurs australiens nous préviennent, ils ne pourront nous secourir que sur la première moitié de la traversée. La suite, ce sont 296 mille nautiques, trois heures six minutes perdus au beau milieu de l’océan… Excepté une île déserte et une jolie piste quelques nautiques après Truscott , la grande bleue ou ciel et mer se confondent dans un vide vertigineux. Durant trois heures, sous nos ailes, deux plateformes pétrolières et trois bateaux… C’est peu, très peu mais suffisant pour nous mener à Kupang. La terre est en vue. Les nuages s’amoncellent… La vie est belle… Nous en avions rêvé, nous nous sommes battus pour… L’indonésie nous tend les bras. D’un coup d’un seul, nos pupilles s’émerveillent. Cocotiers, huttes de pailles, baraques de tôles, et d’invraisemblables reliefs montagneux… Et cette odeur de fumée « africaine » en Asie. Nous avons changé de monde. Le monde nous a probablement changé. Le soleil est au rendez-vous pour l’atterrissage à Kupang. L’accueil moins ensoleillé : Une délégation d’agents de sécurité ébahis par notre étrange débarquement arrive au pas. Nous changeons les aiguilles de nos montres. Il fait ici deux heures de moins qu’en Australie. Deux heures de plus dans cette interminable journée qui est loin d’être finie. Alexandre et Jean s’occupent des documents, Olivier et Jean-Claude réparent une fuite d’huile près de la pompe à eau sur l’un de nos ULM. Une vérification de carburateur plus loin, nous prenons le taxi vers le petit hôtel où nous passerons la nuit. Mais avant cela  nous aurons l’aimable visite d’un membre en civil de la police nationale venu nous expliquer qu’il se chargera de notre sécurité. Edisson, c’est son nom, est probablement plus là pour faire la lumière (ça va de soi) sur notre étrange présence. Il mandatera d’ailleurs un de ses quatre hommes pour dormir dans l’hôtel… Ce dernier ne me lâchera pas d’une semelle durant les trois heures de cette harassante soirée. Qu’importe. Nous y sommes au pays des quatre-cents volcans ! La nuit sera courte. Demain à l’aube, Olivier et Pierre devront changer le pas d’hélice d’un des appareils. La chaleur oppressante empêche l’ULM de monter à sa guise… Darwin est déjà loin. Mais d’elle ou plutôt de lui nous garderons la leçon : Durant ce Earth challenge, à toutes les situations nous nous adapterons…