Arc-en-ciel au sunset de Darwin

Elles ont quelque-chose du Verdon ou de l’africaine Zambezi  River. Tantôt escarpées, tantôt large et majestueuse, les gorges de Katherine vues du ciel offrent un spectacle étourdissant. Mais c’est en entrant dans leurs entrailles que le spectacle prend toute sa dimension. C’est « Tafy » (barbe épaisse, embonpoint et bonhomie du père Noël) qui nous y emmène. Tafy est né aux Pays de Galles en Europe mais cela fait 32 ans qu’il a migré ici dans cette région des territoires du Nord qui enferment les plus vastes réserves naturelles d’Australie. « Des trésors de nature qu’il faut préserver » insiste-t-il car, oui, lui aussi en plus de 30 ans a constaté que la terre y était en mouvement. Le climat change, les eaux se réchauffent. Dans ces gorges où jadis ne se baignaient que de « charmants » crocodiles d’eau douce, on en retrouve désormais de plus gros calibre venus des eaux de mer et rudement plus agressifs. Des accidents mortels y ont été dénombrés. Les pièges installés ça et là devraient les éloigner de ces paisibles gorges érodées par les siècles. Ici depuis la nuit des temps vivaient des tribus aborigènes comme les « Jaywon ». Sur les parois rocheuses on retrouve le témoignage de cette présence ancestrale : Des fresques picturales qui résistent encore et toujours et qui s’affichent fièrement. En partant, Tafy nous salue et nous confie un message : « dites leur à vos compatriotes qu’ici bas nous avons tous un rôle à jouer pour préserver notre terre »… Le message est passé.

Nous quittons Katherine pour rallier Darwin. La grande ville du Nord qui sera notre dernière étape en Australie avant le grand saut vers l’Indonésie. Car cette-fois c’est fait. Alexandre et Jean nous apportent la bonne nouvelle. Fligt Service International nous donnent le feu vert pour survoler le pays aux 400 volcans. Désormais prudent comme des sioux, nous attendons le document écrit des autorités indonésiennes.  Ce vol de 150 nautiques vers Darwin sera de toute beauté. Je partage le cockpit avec Olivier Stulemeijer. En chemin nous faisons étape sur la piste de la petite ville de Batchelor où l’on rencontre des « Aussies »   purement et simplement déchaînés. Ils y tiennent un club de parachutiste atypique et à lire les pancartes pratique l’hédonisme et la culture du plaisir. Imbibés de bière sous un soleil de plomb, ils nous offriront l’hospitalité le temps d’un saut : Instant mémorable pour nos trois paras, Pierre, Olivier et Jean-Claude. Le soleil tombe dans le ciel des territoires du Nord où par la grâce des fuseaux horaires nous avons gagné une demi-heure de lumière.    Le court vol vers Darwin sera de toute beauté. A l’Ouest le soleil rouge-orange, tombant lourdement dans l’eau de mer, à droite un arc-en-ciel que vient « lécher » les ailes d’un de nos appareils. Spectacle de toute beauté et atterrissage parfait à l’aéroport international  de cette ville cosmopolite (56 nationalités s’y côtoient !) Malgré la fatigue qui se marque sur nos visages, la soirée sera longue : Il nous faut peaufiner le routing indonésien, se séparer du surplus de bagages, acheter un canoë de sauvetage, remplir d’innombrables formalités de douanes, réparer les instruments de vol d’un des ULM … Vous écrire. Après près de trois semaines, le « Earth Challenge » ne fait que débuter.