Hamilton Island : l’île aux oiseaux

Nous avions donc décidé de vous emmener au paradis. Vous offrir ces instantanés de Fraser Island, comme une idylle entre dame nature et… dame nature. Mais les cieux s’en mêlèrent et nos souvenirs s’emmêlâmes… 

6 H 30. Le ciel est lourd sur Fraser. Il pleut des cordes. Nos pilotes scrutent le ciel, l’autre, celui des ordinateurs portables. Pourra-t-on partir vers d’autres horizons ? J’aurais aimé que la réponse soit non tant il est vrai qu’être accueilli au paradis, ça ne vous arrive pas tous les jours… Mais malgré le plafond bas, décision est prise de poursuivre l’expédition vers le Nord.
 
Take off à huit heures. Cap sur Gladstone en serpentant à travers les cumulus. Rien de bien méchant en regard de ce qui nous attend. Olivier Stulemeijer a pris les commandes de l’ULM Cargo. Nous survolons Fraser sans pouvoir apercevoir les sandblows. Ces dunes immenses qui font de l’endroit la plus grande île de sable au monde. Pied de nez à nos destins: un grain de sable dans notre parcours en sommes, mais juste un grain. Sous nos pieds les couleurs sont sublimes. Le rouge orangé d’une usine d’aluminium, le noir ténébreux des mines de charbon. « Coal mine ». Comme autant de cicatrices à notre croûte terrestre.
 
Après deux heures de vol,  Gladstone est en vue. Nous y faisons étape pour refueller, l’aéroport est longé par des centaines de wagons transportant par rail cet or noir que l’Australie exporte tant et plus. Refuelling de nos estomacs mis à rude épreuve également. Sandwich sur le pouce. Avant de repartir pour trois longues heures de vol. Décollage en formation. Le ciel s’est éclaircit. Nos oiseaux survolent les plages immenses de la côte est qui redoutent tant la montée des eaux des océans. L’instantané de pur bonheur, c’est ici que nous vous l’offrons. Rencontre soudaine avec une dizaine de splendides kangourous saluant notre passage par de grands bonds cadencés. « Des kangourous, des kangourous » c’est la voix émerveillée d’un olivier Ronveaux retourné en enfance qui nous alerte. La nature est décidément très belle. La suite sera plus délicate mais tout aussi palpitante. Les cumulus s’amoncellent masquant de furieux cumulonimbus qu’il nous faut éviter à tout prix. La formation se disloque. 5500 pieds pour l’un, détour par la côte pour l’autre.
 
Après une demi-heure éternelle de crachins et de « bumpy », la récompense est au bout des secousses. Le soleil donne sur ces îles du bout du monde de l’archipel des Whitsunday Islands. Bien sûr pour mériter notre arrivée à Hamilton Island, il nous faudra voler plus d’une heure au dessus de l’océan… Là une île en forme de raie, là un caillou avec un splendide H comme Hamilton ou comme hélicoptère, c’es selon. Des bancs de sable dorés, des reflets d’eau turquoise, et un atterrissage venteux sur Hamilton. Cela souffle en rafales. Jean, Alexandre, Jean-Claude, Pierre, Olivier(s) et moi-même, comme des fourmis, nous nous attelons à attacher nos appareils à de gros bloc de béton circulaire de plus de cent kilos chacun. Ce soir c’est pleine lune. Les oiseaux exotiques chantent à l’unisson. Et si le paradis n’était pas à Fraser ?