Lake Mungo: Le soleil a rendez-vous avec la lune

 Je l’avais vue pleine ou en croissant. J’avais admiré ses cratères au télescope. Je m’étais passionné pour ces héros qui y ont posé le pied en 1969, l’année de ma naissance. Mon petit pas pour l’homme à moi c’est à Mungo Lake que je le ferai. Un petit pas d’homme dans un endroit fragile, témoignage d’une très longue humanité.

Bienvenue dans cette région des Willandra Lakes inscrite au patrimoine mondial. Il est sept heures. Nous nous sommes levés à l’aube pour apprécier le lever du soleil depuis ce site que les locaux ont baptisés « mer de la tranquillité ». Car ici, hormis les mouches qui vous assaillent par centaines (nous obligeant à porter des filets de protection), tout est lunaire. Mungo, ce lac asséché depuis des lunes fait écho à plus de 400 ans de présence humaine. C’est ici qui que les australiens ont découverts les plus anciens vestiges archéologiques du pays. L’un de ces squelettes remonte à plus de 46 mille ans. Avec nos combinaisons d’astronautes terriens, nous arpentons ces dunes de sables immenses que les vents de l’Ouest soufflant sans relâche ont façonnés depuis la nuit des temps. Cette nuit qui nous quitte lentement pour faire place au lever du jour. Comme une naissance au milieu de nulle part. Ces dunes que l’on a baptisé «muraille de chine » s’étendent  sur une trentaine de kilomètres offrant des monticules sculptés aux regards ébahis. Le sable zigzague tels mille serpents qui s’évadent dans cet outback de rêve. Le bleu de l’aube a fait place aux reflets or qui peu à peu illuminent ce qui pu être le satellite naturel de notre bonne vieille terre. Ici plus qu’ailleurs le silence est roi. On l’écoute, on l’entend. Il vous prend, vous embrasse, vous emporte, nous escorte au gré du vent. Calme absolu, écho d’un tumulte immense : celui du temps jadis où des hommes d’un autre âge vivaient autour du  lac, naviguaient, chassaient. Désormais au lac Mungo, l’eau est devenue un mirage. Siècles après siècles, la terre y a grandi, s’est inventé un nouveau destin. Et seuls de splendides kangourous errent à grands bonds dans cet immense no man’s land. Notre destin de petits hommes terriens nous reconduira au lac Mungo au coucher du soleil. Même spectacle enivrant. Après deux jours passés à décrocher  la lune, nous quittons Mungo par les airs. Le survol de ce site d’exception nous rappelle la citation de François Mauriac qui depuis le début du Earth Challenge guide nos pas : « Rien ne sert à l’homme de gagner la lune s’il vient à perdre la terre » .